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De la nuance entre pronom ‘indéfini’ et ‘personnel’
Le sol inondé.
La mousse disparue.
Il rajoute de l’eau chaude.
Une nouvelle fois.
Ma tête sur son torse.
Ses bras autour de moi.
Son souffle dans mes cheveux
Sa langue dessine le contour de mon oreille. Des baisers,
De ses lèvres sur ma nuque.
Mes doigts sur sa cuisse,
Dessinent avec ses poils.
L’intimité silencieuse.
On se goute,
Doucement,
Tendrement.
Après l’amour,
La nonchalance des corps.
Son téléphone sonne. Il tend le bras.
Il décroche
- « Salut GROS ! » De quelque part,
Une voie d’homme lui répond. Une voie rapide,
Pressée,
Surexcitée ;
- « Salut GRAND !
Un truc d’ouf ! J’ai chopé deux places pour le racing ce soir ! Je passe te prendre !!! »
- « Sympa ! Mais j’peux pas je... »
- « Tu déconnes Vieux !! Allez j’arrive.... »
- « Oh GROS ! Tu te calmes ! Je viens de te dire que j’suis pas libre ! »
Un blanc dans le téléphone. - « Mais t’es où ? »
- « Pas en ville ! »
-« M’en fous ! Dis-moi où ! Je viens de prendre ! » - « T’es vraiment lourd GROS !
Je te répète que nous avons déjà un truc de prévu ! » Un autre blanc dans le téléphone.
- « Quand tu dis ‘nous’... tu veux dire toi et moi ?... »
- « T’es vraiment con ! Non ! Je veux dire MOI et quelqu’un d’autre... » Encore un blanc.
-« Eh ben, t’as qu’a amené ton ‘Quelqu’un d’autre’ !, je vais me démerder ! » - « C’est sympa GROS ; mais notre soirée est réservée ! J’avais prévu ... »
- « Putain Mec !
Mais qu’est-ce tu fous ?
T’as la fièvre ?
Tu t’cames !»
- « Ouais t’as raison j’ai trouvé ma came ! » - « Merde GRAND !... T’es perdu ! »
- « Tu te trompes mon Gros !
Je me suis trouvé... » IL raccroche.
A nouveau,
Ses lèvres dans mon cou.
Sa main dans mes cheveux.
Mon cœur,
En folie,
En furie.
Ma raison ébranlée.
‘Je’,
‘Tu’,
Parfois « On ».
Soudain,
Dans l’eau du bain,
Comme un baptême,
‘Nous’.
La première fois.
Une forme d’alliance,
Un lien qu’il noue.
Il feint l’indifférence.
Il joue la normalité.
Mais j’ai perçu,
Contre son torse,
Le changement du rythme de son cœur. L’expression du renoncement à soi, L’aveu du changement.
L’évidence avouée,
Du besoin de l’autre.
De son attachement à moi.
J’ai la gorge nouée,
Les yeux humides.
Il cesse de m’embrasser. Il se redresse.
Etire ses bras vers le ciel.
- « Cette baignoire est vraiment trop petite ! Il nous faudrait un jacuzzi ! »
J’arrive à articuler.
Je voudrais un ton enjoué, Je ne peux pas,
L’émotion m’étreint.
- « Monsieur à des gouts de luxe... » Ces bras autour de moi
Sa main sur mon visage,
M’oblige à le regarder.
- « Bien sûr que j’ai des gouts de luxe ! Pourquoi crois-tu que je sois avec toi ? »
Il dépose un baiser sur mes lèvres. J’accroche son cou.
Mon visage dans son épaule.
Je pleure.
Il caresse mes cheveux. Mon dos
Il me console.
Me dit,
Des mots tendres.
Des bêtises pour me faire sourire.
Ma langue goutte la saveur de sa peau Mon cœur son lénifiant murmure.
Il me détache de lui.
Il essuie mon visage de ses mains. Dépose un baiser sur mes yeux.
- « Ça va ? » Je secoue la tête.
- « Ou on va le mettre le jacuzzi ? » Il me regarde surpris.
- « Eh bien ! Tu ne perds pas de temps ! » Ses yeux font le tour de la pièce.
- « Ici, ça parait difficile ! » Il marque un temps d’arrêt.
Ses yeux fixent les miens. Un regard,
Une interrogation,
Une invitation
Un défi.
- « Il n’y a qu’une solution !
Il nous faut une autre maison... » Je me jette sur lui.
Ma bouche le couvre de baisers.
IL rit.
Mes mains indiscrètes sur son corps. Il attrape mes poignets ;
Me bloque ;
- « Tout ce que tu voudras mais on sort de ce pédiluve !
J’ai le dos cassé. » Il sort de la baignoire.
Attrape une serviette. Je me suis levé.
Je le regarde.
Dans le miroir,
Son regard attrape le mien.
Il se tourne vers moi.
Il se rapproche.
J’ai toujours les pieds dans l’eau. Mes mains sur son torse.
Mes lèvres près de son oreille. Un murmure.
- « Dis-le encore... » Son souffle près de mon oreille.
- « Seulement si ‘TU’ promet de s’occuper de ‘Je’ ...»
- « ‘TU’ promet... » Mes mains accrochées,
Sur sa nuque.
Il me soulève.
Mes jambes autour de ses reins.
- « On va mettre de l’eau partout » - « Non, ça c’est déjà fait !
Et puis il faut dire ‘Nous’... »
Il embrasse mon front, Puis, il éparpille
Ses baisers sur mon visage. Des baisers humides, Comme une onction sainte. Le sacrement du ‘NOUS’. Entre ses douces caresses, Il satisfait mon désir.
Il murmure,
Le mot de son audace,
Le mot magique,
Le mot merveilleux...
Jules